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L'importance des émotions dans le TDA/H



Voici le résumé d’une conférence de Russell Barkley (https://www.youtube.com/watch?v=hzhL-FA2v10 ) sur l’importance des émotions dans le TDAH.


Elle n'a pas été intégralement traduite afin de pouvoir en extraire ces informations. La traduction fait 22 pages - 1h15 de discours, tout de même), ne vous étonnez donc pas de la longueur de ce résumé.


Russell Barkley milite pour que les symptômes du TDAH en lien avec les émotions soient repris dans le DSM car il les estime aussi importants, aussi présents, aussi handicapants et lourds en conséquences que les symptômes « classiques » d’inattention, hyperactivité et impulsivité repris par le DSM. Il se heurte à une frilosité en rapport avec la crainte que l’admission de ces symptômes augmente le nombre de diagnostics.


Pour appuyer sa thèse et ses arguments, il se base sur une série de preuves apportées par la mention de l’émotion dans la littérature en lien avec le TDAH jusqu’au DSM-2, sur la neuroanatomie des émotions et leur coïncidence avec les zones critiques dans le TDAH, sur ses observations cliniques de patients, le suivi de patients et leurs scores élevés sur des échelles de mesure des émotions.


Il considère que la régulation des émotions fait partie des fonctions exécutives, dont font partie l’inhibition, la sélection entre plusieurs options, la capacité à suivre un processus d’un bout à l’autre pour une action orientée vers un but, la mémoire de travail, l’activation, la persévérance etc. Sa théorie du TDAH est d’ailleurs principalement basée sur le dysfonctionnement (dû à l’immaturité) des fonctions exécutives.


Il commence par définir l’émotion comme étant « un changement de courte durée dans votre vigilance, votre éveil, et votre motivation » (définition d’une émotion par la psychologie) et un moyen de communication élémentaire : on communique ce changement à son entourage. Il la définit également comme étant de courte durée (entre quelques secondes et quelques heures), contrairement à une humeur qui est de longue durée (de quelques heures à plusieurs jours, semaine ou mois).


Il explique donc comment différencier les émotions dans le TDAH de celles qu’on peut retrouver dans un trouble de l’humeur, ainsi que, précisément, ce qui fait qu’un trouble de l’humeur est un trouble de l’humeur (le DSM préconise que l’humeur ait été présente et l’émotion en rapport prédominante pendant au moins 2 semaines).


Les émotions d’un TDAH sont, selon lui, les mêmes que celles des personnes saines, à cela près que nous avons du mal à en inhiber l’expression et à en réguler l’intensité.

Nos émotions sont :


  • rationnelles (n’importe qui peut s’y identifier, aurait pu ressentir la même chose dans la même situation, ce que les gens ont du mal à comprendre, c’est que nous les exprimons à ce point)

  • provoquées par un stimulus extérieur (et non inhérentes à un délire, par exemple)


Une autre différence avec un trouble de l’humeur ou une maladie psychiatrique telle que la schizophrénie est que les critères du TDAH, défini comme un retard dans le développement de certaines zones du cerveau, doivent être ajustés en fonction de l’âge, ce qui n’est pas le cas de ces pathologies.


La méthode habituelle de gestion des émotions que les enfants apprennent dès le plus jeune âge et qui devient un automatisme (à l’exception des enfants TDAH) consiste à :


  • supprimer le contact avec le stimulus déclencheur (regarder ailleurs, quitter la situation)

  • s’engager dans des actes d’auto-apaisement

  • détourner son attention et la redéployer sur autre chose

  • créer une émotion alternative de toutes pièces en pensant à quelque chose d’agréable, par exemple, ou en utilisant les techniques qu’apprennent les acteurs lorsqu'ils doivent jouer des émotions


Neuroanatomie :


5 régions du cerveau sont plus petites dans le TDAH que dans la population générale. Il s’agit du cortex dorso-latéral, du cortex cingulaire antérieur, des ganglions de la base, du cervelet et du cortex orbito-frontal.


Ces 5 structures sont organisées en 4 réseaux :


  • 1° : du lobe frontal à la partie postérieure de l’hémisphère droit avec une connexion efférente vers l’aire cingulaire antérieure. C’est le réseau d’auto-surveillance, qui tourne votre attention vers vous-même et c’est le début de la conscience de soi. C’est là que vous êtes à l’écoute de vos états internes et externes. La perturbation de ce réseau est à l’origine de notre mauvaise estimation des nos dysfonctionnements jusqu’à la 30aine. Nous avons tendance à les sous-estimer en fréquence, en importance, et aussi, nous pensons faire mieux que nous faisons réellement (conduite, travail), sans, pour autant, que nous soyons complètement irréalistes, comme, par exemple, dans le trouble bipolaire. Cela s’appelle un biais cognitif d’illusion positive.

  • 2° : du lobe frontal aux ganglions de la base, le réseau du « quoi » : ce que je pense influence ce que je fais.

  • 3 ° : du lobe frontal au cervelet, le réseau du « quand » : le réseau du temps (de sa perception, évaluation).

  • 4° : du lobe frontal en passant par l’aire cingulaire vers l’amygdale et le système limbique, c’est le circuit des émotions, c’est aussi celui qui vous aide à prendre des décisions concernant ce que vous êtes sur le point de faire. Si vous avez une gamme d’options, c’est ce circuit qui prendra la décision finale.

L’aire cingulaire antérieure est impliquée dans les conflits et la résolution de conflits. Quand il y a des désaccords dans votre esprit à propos de ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire, c’est ce circuit qui va évaluer leurs conséquences, les émotions qui vont avec, comment vous vous sentez en considérant chaque option.


La dimension émotionnelle du TDAH est transmise dans les familles, à la fois en raison de son héritabilité biologique mais aussi par reproduction puisque c’est le mode de communication « habituel » des parents, dont 35% sont eux-mêmes TDAH.


Les émotions dont le contrôle est le plus important et dont le manque de contrôle a le plus de conséquences négatives sont les émotions négatives telles que la colère, l’impatience et la frustration. Les gens tolèrent la distraction, l’hyperactivité motrice dans une certaine mesure, mais pas celles-là, parce qu’elles sont nuisibles à une existence en groupe. Il a été prouvé qu’il ne faut pas plus de 20 minutes pour que des enfants rejettent un enfant TDAH et que sa réputation soit établie.


Dans le monde professionnel, les symptômes classiques du TDAH auront un retentissement sur la qualité du travail, mais les symptômes émotionnels sont, le plus souvent, la raison d’un licenciement (attitude envers les clients, collègues, la hiérarchie).


Les conséquences de l’émotivité accrue sont multiples. Il peut s’agir de développement d’un TOP (trouble de l’opposition et de la provocation) qui est la première comorbidité du TDAH, qui peut déboucher sur un trouble des conduites, une personnalité antisociale, l’usage de drogues et la délinquance. Viennent ensuite l’anxiété et la dépression, surtout la dépression, dès l’adolescence.


25 et 35% d’enfants atteints de TDAH vont développer un trouble des conduites, 25% vont développer une dépression, entre 25 et 35% vont développer un trouble anxieux et le risque de trouble anxieux augmente avec l’âge. A l’âge adulte, 45% des adultes qui viennent consulter en raison d’un TDAH ont développé un trouble anxieux.


Dans le TOP, 2 dimensions sont à prendre en compte. L’une est émotionnelle, biologique, souvent un TDAH. L’autre est apprise, transmise par l’environnement. Le TDAH perturbe la parentalité en la rendant incohérente et de hauts niveaux d’expressions d’émotions (cris, disputes) sont communs. Des troubles psychiatriques peuvent également perturber la parentalité, la dépression majeure plus encore que le TDAH mais le TDAH est le plus courant. La composante environnementale (apprise) vient dont également du TDAH, mais chez les parents, cette fois. Barkley milite pour un traitement précoce du TDAH ainsi que pour un dépistage systématique et une prise en charge des parents ainsi que des programmes de formation à une parentalité saine et cohérente.


Le TDAH est également en cause dans la violence entre partenaires amoureux, les jeunes adultes TDAH sont plus particulièrement à risques.



Actions spécifiques des traitements :


Au niveau émotionnel, les stimulants agissent principalement sur le système limbique, qui n’est pas perturbé dans le TDAH, un effet secondaire parfois constaté est l’émoussement d’émotions normales, ce qui inquiète surtout les parents qui, même s’ils sont stressés par un enfant agité, n’ont pas pour autant envie qu’il se transforme en robot obéissant, efficace et sans affects.


Les non-stimulants tels l’atomoxétine ou la guanfacine agissent, eux, au niveau des fonctions exécutives, càd là où sont régulées les émotions, entre autres, la première par la recapture sélective de la noradrénaline, l’autre, par une action sur les ports alpha-2 en réglant en finesse la force du signal dans la cellule nerveuse et en réduisant le « bruit » qui peut perturber la transmission.


Il arrive donc souvent (aux USA) que les médecins combinent les 2 traitements pour couvrir une plus large gamme de symptômes et maintenir les 2 traitements à des dosages bas.


Le modèle de Gross de l’émotion en découpe le déroulement selon la séquence suivante :


Quand vous avez une émotion, vous êtes dans une situation, quelque chose a lieu au cours de cette situation et cela déclenche votre attention et vous vous occupez de ce stimulus.


Cela induit à son tour une évaluation de l’événement. Est-ce bon ou mauvais, est-ce que j’aime ça ou pas. C’est de là que vient l’émotion et ensuite, vous y répondez. Ceci se mesure en millisecondes. C’est le cerveau automatique, c’est ce qu’il fait, et il le fait très vite.


La TCC intervient malheureusement assez tard dans cette séquence et Barkley suggère que trouver des moyens d’intervenir plus tôt dans le processus peut en améliorer l’efficacité.

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